Protéger dans les calanques
Un constat inquiétant
Années 1970. La proximité de la ville, la multiplication des activités nautiques et la surexploitation du milieu marin dégradent le patrimoine biologique des Calanques et compromettent les bénéfices qu’en retire la communauté.
Une idée naît
Dans ce contexte, on imagine la création d’un Parc national, dont l’objectif serait de préserver le patrimoine naturel et la pérennité des activités économiques et de loisir qui en dépendent, dont la pêche. Une longue réflexion commence entre les services de l’État, la communauté scientifique et les représentants des différentes activités du territoire …
Un projet prend forme
Années 2000. Le Parc national des Calanques qu’on imagine sera à la fois terrestre et marin. L’espace marin inclus dans le périmètre du futur Parc national sera classé « Aire Marine Protégée ».
Une protection progressive
Des ZNP au sein d’une AMP
Dans les différents secteurs d’une AMP, les mesures de protection peuvent être plus ou moins intenses.
Une AMP désigne un territoire géré par l’homme, où les activités humaines sont règlementées en vue d’assurer leur équilibre avec la protection de la nature. Au sein des AMP, on peut trouver des Zones de Non Prélèvement (ZNP) où toute forme de prélèvement est interdite.
Plusieurs secteurs du territoire marin du Parc national des Calanques seront désignés ZNP, au terme d’un long processus de concertation collective particulièrement débattu.
À la croisée des usages
Dans les Calanques, plusieurs usages professionnels et de loisir se partagent l’espace marin. C’est une caractéristique des Calanques, qui sont au contact direct d’une grande métropole.
Les contours des futures ZNP sont désignés de la façon la plus collective possible afin de préserver au maximum la biodiversité marine et les multiples activités humaines.
Une longue concertation
Une campagne de concertation est lancée en 2007. Les acteurs locaux sont invités à désigner les espaces marins que chacun souhaiterait voir protéger. La participation des usagers est très inégale selon les activités et les territoires, mais certains contribuent activement à la concertation.
Ce processus est long et douloureux. Il n’est jamais facile de se poser volontairement une contrainte, même dans la perspective d’en retirer un bénéfice dans le futur. Des désaccords tenaces, le refus de compromis compliquent les discussions même si les études réalisées depuis avec les pêcheurs professionnels justifient le bien-fondé écologique des ZNP et font évoluer ces perceptions.
Les ZNP du parc national des Calanques
2012 : création du Parc national des Calanques
Son territoire comporte 7 ZNP délimitées depuis la côte par des panneaux et en mer par des balises jaunes. Si traditionnellement, les ZNP représentent de petites surfaces (entre 80 et 200 ha), les ZNP du coeur du Parc national des Calanques totalisent 4632 ha. Cela équivaut à 53% des zones de protection forte de Méditerranée française.
Les znp convoitées
Le pillage des ressources communes
Les ZNP constituent une caisse d’épargne d’espèces marines. Malheureusement, une caisse d’épargne peut éveiller la convoitise et se faire braquer par des individus qui volent les économies de toute une communauté.
Parce qu’elles recèlent des ressources naturelles particulièrement riches, les ZNP sont exposées au même sort. Certains délinquants peuvent piller les ressources communes pour leur seul profit, bafouant les efforts consentis par les usagers et mettant en danger des écosystèmes déjà fragilisés.
Menace sur un équilibre fragile
A l’automne 2015 par exemple, les services de police et de gendarmerie sont informés qu’un réseau de braconnage sévit depuis plusieurs années dans les eaux du Parc national des Calanques. Plusieurs pêcheurs pénètrent dans les Zones de Non Prélèvement et y prélèvent, entre autres, des espèces protégées.
On estime que 4,6 tonnes de poissons (dont des espèces menacées), 322 kilos de poulpes (également menacés) et 16800 douzaines d’oursins ont été illégalement prélevés lors de cette affaire et revendus à desrestaurateurs et des poissonniers.
Reconnus pénalement coupables en 2018, les braconniers ont été condamnés en 2020 à réparer le préjudice écologique infligé au patrimoine commun.