Et donc, ça marche ?
Les ZNP du Parc national des Calanques tiennent-elles leurs promesses ?
Quelques années après leur mise en place, les résultats des suivis biologiques sont très encourageants. Jugez plutôt...
L’écosystème est-il plus riche en espèces ?
Plus de diversité
Depuis leur mise en place, les ZNP abritent une plus grande diversité d’espèces de poisson : c’est un des signes que l’effet réserve se met en place. À présent, on y retrouve la quasi-totalité des espèces de Méditerranée occidentale.
On trouve également davantage d’espèces dans presque tous les sites extérieurs aux ZNP : il est possible que les poissons protégés dans les ZNP colonisent l’ensemble du territoire du Parc national des Calanques.
Ce sont les premiers signes d’un effet positif de la gestion mise en place.
Le retour du mérou et du corb
Alors qu’elles avaient pratiquement disparu, non seulement certaines espèces emblématiques comme le mérou brun et le corb sont de retour dans les ZNP, mais elles sont globalement abondantes.
La population totale de mérous bruns augmente. On observe également de jeunes individus, preuve que les habitats protégés sont favorables à leur installation. Cela dit, la présence de ces espèces emblématiques est encore relativement faible par rapport au grand potentiel d’accueil des habitats marins protégés de la zone.
Depuis la mise en place des ZNP, on observe davantage d’espèces. C’est bon signe pour les écosystèmes marins des Calanques, mais ce n’est pas tout. Dans les ZNP, les poissons sont en moyenne plus gros. Et comme les gros poissons sont les plus fertiles, c’est encore une bonne nouvelle.
La biomasse est-elle plus importante et mieux répartie ?
Du poisson « en masse »
En 6 ans, la biomasse (c’est-à-dire l’ensemble de la masse de matière vivante) de poissons a augmenté quasiment partout, mais surtout à l’intérieur des ZNP et près de la côte.
Daurades, sars et autres poissons consommés
La biomasse des poissons ciblés par les pêcheurs a été multipliée par 2,4 dans les ZNP, ce qui est un indice supplémentaire de l’effet réserve. Sur la même période, la biomasse stagne en dehors des ZNP : cette situation peut être un signe d’alerte que l’effort de pêche se reporte en périphérie des ZNP.
Les petits fonds en observation
Dans les petits fonds compris entre la surface et 5 mètres de profondeur, les comptages réalisés en palmes, masque et tuba ont montré que la biomasse de poissons a presque quadruplé dans les ZNP et triplé en dehors.
Dans les herbiers et les rochers
Les pêches scientifiques standardisées, réalisées grâce à la participation de pêcheurs professionnels, sont formelles. La biomasse augmente dans les ZNP, surtout dans les milieux rocheux mais aussi dans les herbiers de posidonies. Hors ZNP, cette biomasse progresse lentement dans les milieux rocheux et a baissé dans les herbiers.
La chaîne alimentaire retrouve son équilibre dans les Calanques
Aujourd’hui, la composition du peuplement de poissons des Calanques est totalement différente de ce que l’on observait avant la mise en place du Parc national. Sur l’ensemble du territoire, les différents maillons de la chaîne alimentaire se sont réinstallés de manière plus équilibrée. En particulier, les « gros » poissons au sommet de la chaîne alimentaire sont plus nombreux.
Ceci démontre l’effet réserve : la suppression de la pression de pêche dans les ZNP permet à l’écosystème de retrouver son équilibre que ce soit à l’intérieur comme à l’extérieur des ZNP.
Le corail rouge se porte-t-il mieux ?
Des tailles et des formes
Premièrement, on remarque une grande diversité de tailles et de formes dans le corail rouge du Parc national des Calanques selon les sites.
Certaines colonies sont plus grandes et branchues que d’autres, ce qui peut traduire une différence d’âge.
De même, certaines colonies poussent plus vite que d’autres, ce qui peut être dû à la fois au bagage génétique de la colonie et à l’influence de l’environnement comme la profondeur, l’exposition de la colonie à la lumière et aux courants qui transportent des nutriments.
Témoins de turbulences
À l’inverse, certaines colonies sont plus petites et comptent moins de branches en 2018 qu’en 2013, ce qui s’explique par les destructions mécaniques probablement dues aux plongeurs et aux engins de pêche qui accrochent les fonds.
Enfin, certaines colonies ne se développent pas en hauteur en formant des branches mais plutôt le long de la surface des roches sous la forme de plaques encroûtantes, ce qui est un signe de turbulences liées par exemple au passage répété de plongeurs.
L’effet ZNP sur le corail rouge
Les constats les plus intéressants ressortent quand on compare les sites situés à l’intérieur et à l’extérieur des ZNP. En 2013, il n’existait pas vraiment de différence entre les colonies de corail rouge situées à l’intérieur ou à l’extérieur des ZNP.
Mais cinq ans plus tard, le corail rouge situé en ZNP a des branches plus longues et plus épaisses que celui situé en dehors des zones de protection. Une des ZNP abrite de grandes colonies arborescentes qui poussent à la vitesse particulièrement importante de 9,3 mm / an.
Cela montre que les ZNP contribuent à créer des conditions favorables à l’épanouissement du corail rouge, en stoppant son exploitation et en limitant sa destruction accidentelle par des engins de pêche. On ne le soupçonne pas assez souvent, mais les organismes qui vivent sur le fond de la mer, dans des zones peu connues à l’abri des regards, n’en sont pas moins vulnérables !
Conclusion
Les Calanques répondent vite et bien à la protection
Grâce à la protection offerte par les ZNP, les écosystèmes des Calanques se régénèrent à une vitesse impressionnante.
En quelques années seulement, on observe les mêmes résultats qu’après plusieurs décennies de protection dans d’autres espaces marins protégés !
Ces résultats peuvent s’expliquer par la taille particulièrement importante des ZNP et la qualité des habitats marins locaux.
Cet énorme potentiel biologique continuera de se révéler dans les années à venir, tout comme ses retombées sur l’économie et le bien-être de la communauté.
Quelle suite donner ?
Les écosystèmes des Calanques sont en meilleur état, notamment dans les ZNP, les paysages sous-marins sont plus beaux et apaisants… L’effort environnemental demandé à la communauté en vaut la peine et tous les usagers qui y participent peuvent en être fiers.
Le milieu reste néanmoins fragile face au braconnage, à la pollution et aux changements globaux. De même, ces bons résultats doivent nous encourager à gérer collectivement les espaces marins situés à l’extérieur des ZNP, dont les ressources restent fortement exploitées. Adopter les bons comportements, surveiller les espaces protégés, réaliser les suivis scientifiques : tous ces efforts sont à poursuivre.